FIN DE L'OR BLANC
En 1965, De Gaulle proclame le « Plan Neige ». Sur le modèle des stations balnéaires et poussé par les nouveaux enjeux économiques liés au tourisme, en quelques années une multitude de villes voient le jour en altitude au contact de la neige. D'énormes blocs de béton sortent de terre au pied des descentes enneigées, en copiant l'idée front de mer ; des milliers de fronts de neige sont construits dans les années 60/70. Cette ruée vers l'or blanc est accompagnée d'une aide de l'État de 157 millions de francs, soit environ 220 millions d'euros aujourd'hui.
Aujourd'hui, le ski en France compte 250 stations, 10 millions de touristes, 120 000 emplois, 3113 installations et représente un marché de 10 milliards d'euros en France.
Mais ce tourisme de masse, fortement touché par le réchauffement climatique, est aujourd'hui menacé et contraint de changer pour survivre. Selon Météo France, le manteau neigeux a diminué de moitié depuis 1950, et le « ski, s'il a un avenir, devra être pratiqué sous une forme moindre qu'aujourd'hui ». Avec un réchauffement mondial de 4°C, 90% des zones skiables pourraient disparaître. Mais malgré ce constat alarmant, certains continuent de s'engouffrer dans le « tout ski », exploitant toujours plus haut la montagne pour aller chercher ces derniers centimètres de neige, ces dernières retombées économiques, à l'aide de retenues collinaires, de canons à neige artificielle, ne voyant dans la montagne qu'un investissement avec ses retombées et ses bénéfices.
Photographie prise à la station de Super-Besse dans le Puy-de-Dôme le 4 février 2024, ouverte seulement grâce à la neige de culture.
END OF THE WHITE GOLD
In 1965, De Gaulle proclaimed the "Snow Plan". Based on the model of seaside resorts and driven by the new economic stakes involved in tourism, in just a few years a multitude of towns sprang up at high altitude in contact with the snow. Huge concrete blocks sprang up at the foot of the snowy slopes, copying the seafront idea; thousands of snow fronts were built in the 60s and 70s. This white gold rush was accompanied by state aid of 157 million francs, or around 220 million euros today.
Today, skiing in France boasts 250 resorts, 10 million tourists, 120,000 jobs, 3,113 facilities and represents a market worth €10 billion in France.
But this mass tourism industry, which has been hard hit by global warming, is now under threat and being forced to change in order to survive. According to Météo France, snow cover has halved since 1950, and "if skiing has a future, it will have to be practised in a lesser form than today". With global warming of 4°C, 90% of skiable areas could disappear. But despite these alarming facts, some people are still rushing headlong into "all-skiing", exploiting the mountains higher and higher to get the last few centimetres of snow and the last economic benefits, using reservoirs and artificial snow cannons, seeing the mountains as nothing more than an investment with its own spin-offs and benefits.
Photograph taken at the Super-Besse resort in the Puy-de-Dôme region on 4 February 2024, open only thanks to artificial snow.