VISMAVILLE en CONFINEMENT // AU BALCON // Episode 16
Samedi 4 Avril 2020, la lumière commence à être filtrée par les feuilles des arbres en face mon appartement. Il va faire beau. Très beau. Je pars impatiente d'utiliser ce rendez-vous pour en faire ma bulle de liberté. Une liberté sous condition. La condition que je m'autorise à sortir en le signant-crachant en bas d'un papier.
Je suis un oiseau. Un oiseau qui aime lorsque sa cage à la porte ouverte. Ma porte est fermée depuis 19 jours. Elle m'empêche de tomber malade. Elle n'est pas mon ennemie. Elle est la barrière à ce virus. Elle est mon allier, même si je lui ai salement collé un panneau vert simulant une sortie de secours.
Les habitudes sont maintenant là au 12 rue de l'Abbé Derry. « Bonjour Marcel » Ah, le retour de la casquette ACDC. Et bien non. Lina a décidé de casser la routine et de descendre voir ce que cela fait vu d'en bas. Elle est là sur le trottoir. Son manteau rouge m'inspire le coeur. Je la connais peu, mais probable que cela soit bien approprié au personnage.
Catherine me montre ses photos « chères à son coeur » aujourd'hui.
deux photos de couchers de soleil sur le Nil qu'elle a pris lors d'un voyage en Egypte en 1999. C'était l'année de l'éclipse solaire et de son divorce... elle a pu partir, seule, grâce à ses parents : « Ce voyage m'a vidé la tête et l'a remplie de magnifiques images «
L'autre photo est une photo de ses parents justement.
Catherine me fait la remarque que mon téléobjectif n'est pas assez puissant. « Les voisins à partir du 3ème étage sont trop petits ! « Elle a raison. Mais je n'ai pas mieux.
Je m?en excuse et lui explique que je ne travaille normalement qu'à proximité de mes sujets en reportage. En vrai, je n'aime faire des photos qu'avec des objectifs fixes. Un 23mm sur mon petit Fuji. Un 16mm ou 56mm sur mes boitiers de travail. Un 50mm sur mes argentiques. Pourquoi du fixe ? parce que j'aime bouger, utiliser mes jambes, mon corps et ma tête pour trouver les images.
Finalement, Catherine décide de descendre.
Tous mes habitués de l'allée 12 et 10 sont là, même Eliam qui essaye de passer la tête par dessus son balcon.
J'avais déjà remarqué au dessus des fenêtres d'une seule rangée dans l'immeuble, des pics anti-pigeons. Lina m'explique que c'est parce que cette rangée là a brulé, il y a une dizaine d'année, et que cela a été refait. C'est à ce moment là qu'ils ont posé ces pics.
Mais ils ne les ont jamais posés sur les autres fenêtres.
La belle surprise du jour : Nathalie ! elle est là. Je lui explique que je me suis fait du souci pour elle. 3 semaines de coronavirus...Et aujourd'hui elle est là, toussant encore un peu de temps en temps. Et visiblement je ne suis pas la seule à être heureuse de la voir !
Je les laisse, m'efface et rentre.
En face de chez moi, il y a cette homme. Ici, à Issy, je l'appelle l'homme des marches de l'église. Sauf qu'en ce moment, il vient passer ses après-midis sur le banc devant le centre des impôts fermé. Aujourd'hui, un homme est venu déposer des livres à coté de lui.
Peut importe pour lui. Il boit et il dort, tous les après-midis depuis le début de la semaine.
Puis vers 18H, il se lève, il prend son petit sac qui lui sert d'oreiller, avec des dessins d'enfants dessus, et d'un pas haché, il repart en direction de l'église.
VISMAVILLE IN CONTAINMENT // AT THE BALCON // Episode 16
Saturday April 4, 2020, the light begins to be filtered by the leaves of the trees in front of my apartment. It's going to be sunny. Very nice. I can't wait to use this date to make it my bubble of freedom. Conditional freedom. The condition that I allow myself to get out by signing and spitting it down on a piece of paper.
I'm a bird. A bird that likes it when its cage is open. My door's been closed for 19 days. It keeps me from getting sick. She's not my enemy. She's the barrier to this virus. She's my ally, even though I've glued a green sign on her that simulates an emergency exit.
The habits are now there at 12 Rue de l'Abbé Derry. "Hello Marcel." Ah, the return of the ACDC cap. Well, it's not. Lina decided to break the routine and come down and see what it looks like from below. There she is on the pavement. Her red coat inspires my heart. I don't know her very well, but it's probably appropriate for the character.
Catherine shows me her "dear to her heart" pictures today.
Two photos of sunsets on the Nile that she took during a trip to Egypt in 1999. It was the year of the solar eclipse and her divorce... she was able to leave, alone, thanks to her parents: "This trip emptied my head and filled it with beautiful images".
The other picture is a picture of his parents right there.
Catherine makes the remark that my telephoto lens is not powerful enough. "The neighbors from the third floor up are too small! " She is right. But I don't have any better.
I apologize for this and explain to her that I normally only work close to my subjects in reportage. In reality, I only like to take pictures with fixed lenses. A 23mm on my little Fuji. A 16mm or 56mm on my work boxes. A 50mm lens on my silver lenses. Why fixed ? Because I like to move, use my legs, my body and my head to find the pictures.
Finally, Catherine decides to come down.
All my regulars from Aisle 12 and 10 are there, even Eliam trying to get his head over his balcony.
I had already noticed pigeon spikes above the single-row windows in the building. Lina explains to me that this is because that row burned down about ten years ago and that it has been redone. That's when they put the spikes in.
But they never put them on the other windows.
The nice surprise of the day: Nathalie! She's here. I explain to her that I was worried about her. 3 weeks of coronavirus...And today she's here, still coughing a little bit every now and then. And obviously I'm not the only one who's happy to see her!
I leave them, erase myself and go home.
Across the street from my house, there's this man. Here in Issy they call him the man on the church steps. Except right now he's spending his afternoons on the pew in front of the closed tax office. Today, a man came to drop off some books next to him.
It doesn't matter to him. He's been drinking and sleeping every afternoon since the beginning of the week.
Then around 6pm, he gets up, he takes his little bag that he uses as a pillow, with children's drawings on it, and with a chopped up step, he goes back towards the church.