Zekounga, une lutte pour la terre.
La chute de gouvernement Compaoré les 30 et 31 octobre 2014 a réjouis bon nombre de burkinabè, en premier lieu ceux dont la terre était menacée par la convoitise de certains caciques du régime chassé.
Les villageois de Zekounga sont de ceux-là et l'histoire de l'expropriation programmée de leur village donne un aperçu des abus de pouvoir dans le secteur foncier au Burkina Faso. Depuis 2010, ce village de l'arrondissement 8 de Ouagadougou s'opposait vigoureusement au projet de lotissement privé du maire de la commune voisine de Tanghin-Dassouri, nommé Adama Zongo. Les villageois se disaient victimes de l'impunité dont bénéficiait cet élu, président de la FEDAP-BC (association des amis de Blaise Compaoré) réputé proche de l'ancien président chassé par l'insurrection.
Adama Zongo avait entrepris la construction d'un vaste lotissement privé sur les terres du village, bien que celui-ci ne dépende pas de sa commune rurale. Pour arriver à ses fins, l'élu pratiquait l'intimidation, provoquant des détentions arbitraires de personnes écoutées des villageois, après avoir annexé Zekounga à sa commune rurale, puis envoyé des hommes en armes escorter des géographes, venus borner les champs et les habitations, transformés en réserves foncières.
Le habitants ont cependant résisté avec l'aide de militants locaux tel que Seydou Traore du mouvement Droit au logement (MSP-DROL), qui tente inlassablement d'alerter l'opinion sur la lutte pacifique menée à Zekounga pour faire valoir les droits des villageois.
A la veille d'une nouvelle année d'élections, le Burkina Faso a vu certains membres du parti présidentiel multiplier les opérations foncières, de peur de voir tomber leurs privilèges si le pouvoir venait à changer de main. Dans ce contexte, les affaires d'expropriation des terres se sont ainsi amplifiées de façon inquiétante selon des avocats et juristes du droit au logement.
Les populations rurales pauvres en sont souvent les premières victimes, rendues plus vulnérables une fois expropriées, celles-ci se nourrissant essentiellement du produit de leur champs.
Mobilisés tout l'hiver pour faire libérer les leurs, les habitants de Zekounga comptaient bien poursuivre leur lutte pour rester en paix sur leurs terres.
L'insurrection populaire qui a chassé le régime de Compaoré, a finalement permit la suspension des opérations à caractère foncier le 6 novembre 2014, accordant un répit mérité au village, face aux mauvaises manières de l'ancien «puissant maire».
Peu après la nomination du conseil ministériel de transition, le ministre de l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Monsieur Barry, avait déclaré "Le domaine du foncier pue tellement qu'on n'a pas besoin de se rapprocher pour sentir cette odeur-là."
Le 2 avril 2015, Adama Zongo était interpellé par les gendarmes puis placé en garde à vue, le "puissant maire" étant suspecté de malversations dans des affaires de parcelles.
Le village de Zekounga aurait aimé pouvoir crier victoire au vu des ces différents éléments. Mais la vigueur avec laquelle certains cadres de l'ancien régime continuent d'exercer leur pouvoir grâce à leurs affidés, a remplacé la joie par de l'inquiétude.
Malgré son incarcération, certains adjoints d'Adama Zongo auraient continué de vendre des parcelles malgré la suspension des opérations foncières. Un groupe minoritaire venant de Yalgré, un quartier de Zekounga, semble en parallèle utilisé pour donner l'illusion d'un conflit villageois larvé étranger au problème foncier. Pour introniser un des leurs chef coutumier, contre l'avis du Goug Naaba (chef coutumier de Zekounga) et sans respecter le protocole d'usage, ce petit groupe n'a pas hésité à attaquer en juillet 2015 des villageois de Zekounga, pour voler masque et fétiches, armé de fusils et de machettes. En parallèle de ces tensions, un bénéficiaire de faux papiers d'attribution de parcelle s'est empressé de construire une villa privée sans que personne ne l'en empêche.
Symptomatique d'un période incertaine, ces rebondissement montrent à quel point les notions de lutte contre les biens mal acquis et la corruption restent fragiles face aux réseaux d'influence de certains poids lourds de l'ancien régime.
Alors que le jugement pour demander l'annulation du projet de lotissement se fait attendre, les démarches des villageois pour protéger leur terre de la gourmandise de l'ancien "puissant maire" se poursuivent.
Reportage réalisé entre décembre 2013 et avril 2014
Zekounga, une lutte pour la terre.
La chute de gouvernement Compaoré les 30 et 31 octobre 2014 a réjouis bon nombre de burkinabè, en premier lieu ceux dont la terre était menacée par la convoitise de certains caciques du régime chassé.
Les villageois de Zekounga sont de ceux-là et l'histoire de l'expropriation programmée de leur village donne un aperçu des abus de pouvoir dans le secteur foncier au Burkina Faso. Depuis 2010, ce village de l'arrondissement 8 de Ouagadougou s'opposait vigoureusement au projet de lotissement privé du maire de la commune voisine de Tanghin-Dassouri, nommé Adama Zongo. Les villageois se disaient victimes de l'impunité dont bénéficiait cet élu, président de la FEDAP-BC (association des amis de Blaise Compaoré) réputé proche de l'ancien président chassé par l'insurrection.
Adama Zongo avait entrepris la construction d'un vaste lotissement privé sur les terres du village, bien que celui-ci ne dépende pas de sa commune rurale. Pour arriver à ses fins, l'élu pratiquait l'intimidation, provoquant des détentions arbitraires de personnes écoutées des villageois, après avoir annexé Zekounga à sa commune rurale, puis envoyé des hommes en armes escorter des géographes, venus borner les champs et les habitations, transformés en réserves foncières.
Le habitants ont cependant résisté avec l'aide de militants locaux tel que Seydou Traore du mouvement Droit au logement (MSP-DROL), qui tente inlassablement d'alerter l'opinion sur la lutte pacifique menée à Zekounga pour faire valoir les droits des villageois.
A la veille d'une nouvelle année d'élections, le Burkina Faso a vu certains membres du parti présidentiel multiplier les opérations foncières, de peur de voir tomber leurs privilèges si le pouvoir venait à changer de main. Dans ce contexte, les affaires d'expropriation des terres se sont ainsi amplifiées de façon inquiétante selon des avocats et juristes du droit au logement.
Les populations rurales pauvres en sont souvent les premières victimes, rendues plus vulnérables une fois expropriées, celles-ci se nourrissant essentiellement du produit de leur champs.
Mobilisés tout l'hiver pour faire libérer les leurs, les habitants de Zekounga comptaient bien poursuivre leur lutte pour rester en paix sur leurs terres.
L'insurrection populaire qui a chassé le régime de Compaoré, a finalement permit la suspension des opérations à caractère foncier le 6 novembre 2014, accordant un répit mérité au village, face aux mauvaises manières de l'ancien «puissant maire».
Peu après la nomination du conseil ministériel de transition, le ministre de l'Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Monsieur Barry, avait déclaré "Le domaine du foncier pue tellement qu'on n'a pas besoin de se rapprocher pour sentir cette odeur-là."
Le 2 avril 2015, Adama Zongo était interpellé par les gendarmes puis placé en garde à vue, le "puissant maire" étant suspecté de malversations dans des affaires de parcelles.
Le village de Zekounga aurait aimé pouvoir crier victoire au vu des ces différents éléments. Mais la vigueur avec laquelle certains cadres de l'ancien régime continuent d'exercer leur pouvoir grâce à leurs affidés, a remplacé la joie par de l'inquiétude.
Malgré son incarcération, certains adjoints d'Adama Zongo auraient continué de vendre des parcelles malgré la suspension des opérations foncières. Un groupe minoritaire venant de Yalgré, un quartier de Zekounga, semble en parallèle utilisé pour donner l'illusion d'un conflit villageois larvé étranger au problème foncier. Pour introniser un des leurs chef coutumier, contre l'avis du Goug Naaba (chef coutumier de Zekounga) et sans respecter le protocole d'usage, ce petit groupe n'a pas hésité à attaquer en juillet 2015 des villageois de Zekounga, pour voler masque et fétiches, armé de fusils et de machettes. En parallèle de ces tensions, un bénéficiaire de faux papiers d'attribution de parcelle s'est empressé de construire une villa privée sans que personne ne l'en empêche.
Symptomatique d'un période incertaine, ces rebondissement montrent à quel point les notions de lutte contre les biens mal acquis et la corruption restent fragiles face aux réseaux d'influence de certains poids lourds de l'ancien régime.
Alors que le jugement pour demander l'annulation du projet de lotissement se fait attendre, les démarches des villageois pour protéger leur terre de la gourmandise de l'ancien "puissant maire" se poursuivent.
Reportage réalisé entre décembre 2013 et avril 2014